samedi 7 janvier 2012

La Richesse : moralité - Morality of Wealthiness



(English version below the fold)

En ces temps de douce révolte contre la classe supérieure qui profite du progrès sans entrave, on vient à se demander si c'est bien moral d'être riche. Je me suis posé la question dernièrement lorsque j'ai regardé une conférence de Mike Dillard sur internet où il encourage les internautes à rejoindre sa tribu d'investisseurs moyennant finance, pour avoir accès, selon ses dires, à des informations décisives concernant le gigantesque transfert de richesse à venir dans le monde, pour devenir plus riche que riche (comme le slogan du jeu de loterie Euromillions). De toute évidence il compte profiter de la bulle sur les métaux précieux pour s'enrichir.
Alors je me suis demandé : acheter quelque chose à vil prix pour le revendre 10 ou 100 fois plus cher afin de devenir "riche", est-ce moral ? Est-ce participer au bien commun que de plumer des mougeons* ?

Tout d'abord, il me faut définir qu'est-ce qu'être riche et qu'est-ce qui est moral. Le TLFi nous donne ceci :
  • richequi a de la fortune, qui possède des biens en abondance, qui a beaucoup d'argent. 
  • moralqui concerne [..] la recherche d'un bien idéal, individuel ou collectif, dans une société donnée.
Avoir un patrimoine équivalent à 40 000 fois le salaire total qu'un smicard gagnera pendant les 40 années de sa vie active, est-ce moral, est-ce juste ? Je me demande quel était l'écart de richesse entre les pharaons et leurs esclaves.

Comment un individu devient-il riche ? Y a-t-il une manière de devenir riche qui soit plus morale que les autres ?
On peut s'enrichir en s'appropriant des ressources, en commercialisant des biens et services bien plus cher qu'ils ne nous en coûtent, en gagnant à la loterie ou en trouvant un trésor, en touchant des royalties, en héritant de nos ascendants etc. Les chemins de la fortune sont nombreux.

J'achète un terrain agricole. Le PLU change. Je revends le terrain devenu constructible en faisant un maximum de bénéfice. Est-ce moral ? D'autant plus que l'on va réduire la surface agricole disponible localement.
Une maison achetée 50 000€ il y a 20 ans se vend le triple aujourd'hui. Est-ce bien moral ?
Si on va par là, même le marchandage peut être soupçonné d'immoralité, vu que le but du jeu est de payer le moins cher ou de vendre le plus cher possible, un bien ou un service.

Il va de soi que la fortune individuelle ne rime pas avec le bien commun, car la majorité des processus d'acquisition de richesse font en définitive le bonheur de quelques uns et le malheur de beaucoup. Il s'agit toujours de gratter des sous ; à ce jeu les usuriers sont rois, et leur vampirisation de la société est généralisée, car on leur verse des sous même au travers des impôts ! Bien sûr tout individu ayant de l'épargne participe à ce jeu, mais dans une moindre mesure. L'inflation, que l'on essaie de combattre par l'épargne, n'est pas inéluctable. Les solutions sont documentées.

Questionner la moralité de la richesse individuelle revient à questionner celle de la propriété privée. Si on a trop, c'est forcément que les autres ont moins. Donc il faudrait trouver un juste équilibre pour rétablir l'équité sociale, par exemple si tout individu devient propriétaire de son logement et de son outil de travail, le statut de locataire - qui s'assimile à de l'esclavage - disparaitrait en grande partie.

Dans la Nature, je ne pense pas qu'existe une quelconque moralité. C'est la nature de la Nature ; et nous en faisons partie, donc l'immoralité latente dans notre société ne devrait pas nous choquer.

Certes, être riche, ce n'est pas très moral, mais dans un scénario d'effondrement global, être riche permet de vivre, si ce n'est de survivre, pendant que la majorité de nos concitoyens souffrent puis disparaissent dans la poubelle de l'Histoire. Être riche donne un avantage certain pour affronter l'imprévu ou même le prévisible (mais ce n'est pas l'avis de tout le monde, car le riche n'est pas forcément débrouillard et apte à la survie).

Donc égoïste et immoral, le riche est... Si vous pensez le contraire, c'est sûrement que vous êtes riche LOL !

La prochaine question serait alors : est-ce que le ou la survivaliste est égoïste et immoral, sans pour autant être riche ?

Stay tuned...

Quelques chiffres INSEE :
- patrimoine NET français en 2010 : 150 000€/individu
- ratio entre le patrimoine BRUT (hors endettement) des 10% des ménages les plus riche et celui des 10% les moins riches en France en 2004 : 2135
- endettement moyen des ménages français en 2010 : 11% du patrimoine brut

* : mi-humain, mi-mouton, mi-pigeon ; espèce invasive très dangereuse !




While Occupy Wall Street tries to get rid of the wealthies who profit from technological progress without limits, one could wonder if it's moral to be rich. I questionned myself lately as I watched a webinar promoting some kind of financial club behind a pay wall that would grant me access to materials to "get filthy rich". I guess it was all about betting on the gold and silver bubble, so nothing new under the sun.
 So I ask myself : is it really moral to buy something for a cent on the dollar and sell it at a price  hundred times higher ? Is the common good greater when sheegeons* get fleeced ?

First, let's define "rich" and "moral". According to Cambridge dictionnary :
  • richhaving a lot of money or valuable possessions
  • moral :  relating to the standards of good or bad behaviour, fairness, honesty, etc. which each person believes in, rather than to laws.
Is it moral, fair or even sane to pile up assets equalling 40 000 times the lifetime wage of Joe Six Pack ? I wonder what was the wealth inequality in Pharaoh's times.

What leads an individual to wealthiness ? Is there a way to get rich that's not amoral ?
We can get rich by appropriating resources, marketing goods and services for profit, winning the lottery or finding a treasure, earning royalties, by inheriting and so on. The ways to wealth are many.

A house bought 20 years ago for $100,000 will be worth triple that price today. Is this quite moral ?
If we go down that road, even bargaining may be suspected of immorality, as the goal is to pay as low or sell as high a price as possible.

It goes without saying that individual wealth does not equate to common good, because most of wealth acquisition eventually results in happiness of some and misery for many. It's always about profit making ; moneylenders are kings to this game, their vampirism is impacting society as a whole, because we feed them even through taxes ! Of course everyone saving money also take part in this game, though not on such a level as bankers do. Inflation, which one tries to fight through savings, is not inevitable. Solutions are documented.

Questioning the morality of individual wealth leads to private property. If you have "too much", others have necessarily "less" than you. We should figure out how to restore social justice, e.g. if everyone owns his or her house and his or her tools of the trade, the status of tenant or employee - which is akin to slavery - would largely disappear.

In Nature, there's no such thing as morality as far as I know. It's the nature of Nature; we are part of it, so the latent immorality in our society should not shock us.

Of course, being rich, it's not very moral, but in a scenario of global collapse, being rich can soften your day to day struggle and quite possibly save your life, while the majority suffers and disappears in the dustbin of History. Being rich gives an edge to face the unexpected or even the expected (but it is not a shared opinion among survivalists, because the rich may not be resourceful enough and able to survive).

So selfish and immoral, is the rich ... If you think otherwise, surely you are rich LOL!

Next question would then be : is the survivalist selfish and amoral, while not being rich ?

Stay tuned...

Some numbers :
- net French wealth in 2010 : €150,000/individual
- ratio between gross wealth (not including debts) of the 10% richest households and the one of the 10% the poorest in France in 2004 : 2135
- French households mean indebtedness in 2010 : 11% of gross wealth

* : half-human, half-sheep, half-pigeon ; very dangerous and invasive species !

4 commentaires:

  1. Je suis très ambivalent face à la richesse. Il y a richesse et richesse. Et surtout la manière de l'acquérir et encore plus de la maintenir.

    Le gros problème de nos jours c'est qu'il existe tellement de chaînes de toutes sortes et de méga-entreprises qu'il est devenu quasi impossible de créer quelque chose qui procurera de la richesse, hors le coup de chance spéculatif.

    On fait de l'argent avec de l'argent et il en faut beaucoup pour en faire.

    Quand on est très riche, on peut même influer sur les décideurs de l'État et ainsi se faire donner des privilèges incroyables. Au Canada, les revenus provenant de dividendes (donc du capital qui ne produit rien) n'est imposé qu'à moitié!

    Sur 100,000$ de dividendes, seule la moitié sera assujettie à l'impôt et comme seulement 50,000$ seront sujets à l'impôt, cela fausse la régressivité des impôts et avantage en plus ceux qui ont des revenus de dividendes.

    Qui possède des revenus de dividendes? Ceux qui possèdent beaucoup d'actions. Et on parle de quelques millions en actions.

    Ceux qui possèdent plus d'un certain montant d'actions à la bourse de Toronto ont droit de transiger une heure avant et une heure après l'ouverture officielle. Est-ce à la portée du peuple tout ça? Non.

    Souvent les très riches ne sont très riches qu'à cause des privilèges qu'ils se font voter par les pantins qu'ils ont mis en place au gouvernement.

    Je suis pour la libre entreprise mais les règles sont faussées, depuis longtemps...

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  2. On peut se demander si l'entrepeneurship n'a jamais été libre ! À mon avis la libre entreprise est un idéal parmi d'autres.

    Life's unfair, as is Nature. Mais il y a une limite à la décence : les riches sont complétement high on bucks and power et ils nous poussent dans le vide pour avoir leur dose. Ils risquent d'avoir chaud aux fesses dans peu de temps...

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  3. Tu sembles prédire un prochain soulévement de la population. Amha, il n'arrivera pas.

    Je m'explique :
    Pourquoi fais-tu des réserves et cultives-tu la terre? Parce que tu te dis qu'un jour peut-être, un grand chamboulement peut arriver et tu veux être prêt. Pourquoi pratiquer le jardinage et acheter du riz? Parce que, à ton niveau, tu n'entrevois que cette solution.
    C'est déjà pas mal! Peu de gens ont cette présence d'esprit.

    Voyons maintenant le cas d'une personne très-très riche: A-t-elle la même présence d'esprit que toi? A mon avis oui. Et même si cela ne vient pas d'elle directement, elle a une armée de subordonnés dont le travail est de prévoir les possibles changements.

    Alors? Va-t-elle se mettre au jardinage pour autant? Non! Pourquoi le ferait-elle? Elle a assuré ses économies en les dispatchants dans différents paradis fiscaux. Elle a un jet qui lui permet de fuir le pays et de rejoindre n'importe quel point de chute de par le monde en moins de 24h. Et en plus, elle se paie une petite armée privée pour assurer sa protection.

    A son niveau, beaucoup plus de solutions s'ouvrent à elle. Comme de manipuler les politiques et les médias.

    Les gens étant des moutons, la révolution n'arrivera pas. Il y aura certainement une guerre qui rééquilibrera les choses (sur le plan financier, économique et démographique). Les gens iront tuer les pauvres d'en face qui leurs bouffent leur pain tandis que les riches verront de nouvelles opportunités de s'enrichir d'avantage.

    C'est comme ça depuis des siècles...

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  4. @Lone Wolf,

    Oh je n'en suis pas certain que ce que tu dis se réalisera. Les riches en question ne le sont qu'en vertu d'un certain modèle économique basé maintenant sur la non-production de biens et le rendement financier de placements.

    Le gros problème de notre économie (occidentale) est qu'elle n'est plus réelle mais virtuelle. Oui, il se produit des biens, oui ils sont achetés, oui il sont consommés, oui les corporations productrices de bien font des profits.

    Mais elles font partie de Main Street alors que c'est Wall Street qui tient les cordons de la bourse (sans jeu de mot).

    Ces compagnies sont endettées, comme tout le monde, ça fait partie de la donne actuelle. Or, ces financiers jouent avec le feu et si le feu prend, elles débouleront et leurs clients, Main Street, les gens, le peuple, les petits investisseurs, tout le monde y goûtera.

    Maintenant on peut bien se torcher avec ses dollars tellement on en a, ça ne se bouffera jamais. Si moi j'ai de la bouffe mais juste ce qu'il me faut, ou même si j'ai des surplus, jamais je n'irai vendre cela pour du papier qui ne pourra pas nourrir ma famille parce que les chaines d'approvisionnements que nous connaissons ne fonctionneront plus ou alors à coût prohibitif.

    L'argent c'est une conceptualisation de la richesse, destiné à faciliter les échanges. Maintenant quand l'argent ne joue plus son rôle ou ne garantit plus la possibilité de procéder à ces échanges de biens, il ne vaut plus rien.

    En fait il ne vaut déjà rien puisqu'il représente non pas de réelles richesses mais des dettes.

    Peut-être les petits vont s'entre-tuer pour voler le pain de l'autre. Tu sais pourquoi? Parce qu'ils sauront que le riche, avec ses montagnes de papiers qui ne valent plus rien, n'a rien à manger.

    Et je ne crois pas que ces riches stockent de la nourriture. Peut-être des métaux précieux, qui ne se mangent pas davantage mais qui peuvent au moins servir à faire du commerce parce que les métaux précieux servent de valeur depuis plus de 5000 ans.

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